Rod Taylor

Pouvez-vous nous parler de vos débuts en Jamaïque et de votre premier enregistrement chez Channel One ?
Rod Taylor:
J'ai commencé à douze ans. J'ai commencé par chanter sur un jukebox. Après, j'ai chanté dans un soundsystem. J'ai ensuite formé un groupe les Aliens, avec Barry Brown. On faisait des shows avec d'autres groupes dans des petites salles puis des lives. On est aussi passés dans une émission de télévision très connue en Jamaïque. Elle passait tous les samedis matins. Le groupe s'est ensuite séparé parce que les vibes n'étaient plus bonnes. On a commencé à chanter en solo. Mon premier concert était au Bohemia Club où se produisaient pas mal de jeunes chanteurs amateurs. C'est là qu'on pouvait se faire un nom et devenir célèbre. Le propriétaire s'appelle M. Hamilton. C'est un homme qui repère les bons artistes et qui fait leur promo. C'est comme ça que des chanteurs amateurs deviennent professionnels.
C'est comme ça que j'ai commencé à avoir du succès et que j'ai connu Ossie Hibbert de Channel One. Il était là, avec Sugar Minott, Michael Rose et Earl Zero. C'est comme ça que j'ai rencontré tous ces gens. Ce soir là, il y avait un concours réservé aux jeunes talents. On était huit. J'ai remporté le premier prix. J'ai chanté "Sea Of Love". (Il chante la chanson). C'était une reprise des Heptones. J'ai rencontré à cette occasion Ossie Hibbert. Il était là, il a aimé ce que j'avais fait. Il m'a invité à Channel One. Il m'a demandé si j'avais une chanson de prête, j'ai dit "Oui, bien sûr". Et je lui ai chanté. (Il se met à la chanter.) Il m'a dit "Elle est cool ta chanson, on va l'enregistrer. Viens me voir vendredi, je serai en studio". Bref, c'était assez facile !
Les gens ont commencé à me connaître. Je n'étais pas célèbre mais les gens savaient que j'étais bon... C'est comme ça que tout a commencé.
C'était mon premier enregistrement pour Channel One et Ossie Hibbert. Après ça, j'ai enregistré une deuxième chanson "Every Little Thing". Mais je n'ai pas fait d'autres chansons là-bas parce que ça ne se passait pas bien. Je n'ai fait que deux chansons.
J'ai arrêté de travailler avec lui mais j'ai continué à chercher d'autres producteurs, d'autres chansons. C'est comme ça que j'ai commencé à chanter.
Mais avant tout ça, j'ai chanté dans pas mal de soundsystems comme Kenyatta et bien d'autres. J'ai pu me prouver que j'étais bon. Je ne dis pas que je suis bon... Ce sont les gens qui me disent que je suis bon. Enfin, je sais que je suis bon mais je ne le dis pas haut et fort ! La manière dont je chante une chanson, peu importe la version, je ne la connais pas forcément, mais je la chante, direct !

Le titre qui vous a vraiment fait connaître est "Nuh Check It" en duo avec Dillinger...
Rod Taylor:
Le premier titre était "Bad Man Comes And Goes". Dillinger a aimé la chanson. Il a fait un deal avec Ossie Hibbert. Je ne sais pas quel genre de deal mais ils ont fait un deal. Après, j'ai quitté Ossie Hibbert. J'en ai eu assez. Ca n'était pas bien avec lui. Il avait trop changé. Il avait des méthodes bizarres. J'ai arrêté l'enregistrement à la troisième chanson. Je n'ai jamais enregistré le troisième titre. Je n'en ai enregistré que deux. Beaucoup de supercheries, de mensonges... En Jamaïque, les producteurs sont parfois comme ça... J'ai donc continué ma vie, mon chemin, mon chemin musical. Je fais ma musique par plaisir. Je ne fais pas ça pour l'argent. Je fais juste mon boulot.
En allant à l'étranger, à Londres, les salles étaient pleines. Les gens me connaissaient. Je me suis rendu compte que j'avais vraiment beaucoup de succès. Je n'avais pas pris conscience de ça en Jamaïque. Mon nom était tout là-haut, en haut de l'affiche. C'était un vrai choc ! "A Praise Without Grace" !

Vous avez ensuite enregistré de nombreux albums, pouvez-vous nous en parler ?
Rod Taylor:
Mon premier album a été produit par Prince Hammer. Il était DJ mais aussi producteur. Je travaillais avec Prince Hammer et en même temps avec Prince Far I. Prince Far I avait un label qui s'appelait Cry Tough. J'ai fait deux chansons pour ce label, "Run Run" et "No One Can Tell About Jah".
Pour Prince Hammer, j'ai fait un album solo "If Jah Should Come Now". C'est le label anglais Hit and Run qui l'a sorti. Il a très bien vendu. Il y avait des petits enfants rasta sur la couverture. C'était le premier album que j'ai fait pour Prince Hammer.
J'ai fait pas mal de 45 T pour Johnny Lee, "Garden Of Eden" et d'autres qui n'ont pas vraiment eu beaucoup de succès. Parfois tu enregistres des titres, mais ils ne sont pas forcément inclus sur le disque. J'ai fait beaucoup d'autres albums mais qui ne sont jamais sortis.
Mon troisième album je crois que c'était One In A Million, qui a été produit par un très bon ami à moi, Charles Richards. J'ai aussi produit mon propre album mais il n'est jamais sorti. Je crois que mon dernier album avant de venir en France était celui pour Charles en 1991. Quand je suis venu ici, j'ai travaillé pour Robert Tribulation et après ça, j'ai travaillé pour Jah Warrior.

Quelles sont les raisons de votre départ en Angleterre au début des années 90 ?
Rod Taylor:
J'ai épousé une française en Jamaïque donc j'avais un choix à faire : aller aux Etats-Unis, aller en France ou en Angleterre. Je devais choisir. J'ai décidé de venir en France parce qu'elle est française et en plus, on attendait un enfant.
Je suis d'abord allé à Marseille. Ensuite, j'ai commencé à aller à Londres. J'ai commencé à travailler avec Mafia & Fluxy, à faire des lives. Il y avait de bons vibes entre nous.
Je suis à Montpellier maintenant. Nous avons un projet avec Artikal Crew. On sort un album qui s'intitule "Nothing Else To Do". Il devrait sortir le mois prochain.

Vous êtes en France depuis un certain temps, que pensez-vous de la scène Reggae française ?
Rod Taylor:
Il y a du bon comme il y a du mauvais ! Comme en Jamaïque. Je crois que les Français ont ouvert la voie au Reggae donc je peux faire mon propre chemin ici ! Je suis fier parce que le Reggae en France devient de plus en plus intéressant, il s'élève spirituellement.

Quels sont vos projets actuellement ?
Rod Taylor:
Je crée un label. Je produirai d'abord des concerts puis des 45 T et des vinyles. Je n'aime pas tellement les CDs. Je veux ramener les vibes d'origine, celles des années 70, Roots & Culture.

Un dernier mot pour les visiteurs de JAHSound.net ?
Rod Taylor:
JAHSound fait un travail formidable. Je suis un dealer de Reggae donc je dis "Respect !"
Et n'oubliez pas Jah, c'est le seul responsable de la Création !

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Merci Miren pour la traduction

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