Festival Ecolo'Zik #3 @ Complexe Sportif de Villiers sur Orge (91)

Samedi 10-05-2008
Complexe Sportif - Villiers Sur Orge (91)

C'est sous une journée particulièrement ensoleillée que s'ouvre la 3ème édition du Festival Ecolo'zik organisée par l'association des Canards Sauvages à Villiers sur Orge dans le département de l'Essonne. Il a peine 15h lorsque nous arrivons sur les lieux des festivités. L'accueil des bénévoles se veut très convivial et chaleureux, ce qui est de très bonne augure pour débuter cet après-midi.
Alors que les groupes finalisent leurs balances, nous en profitons pour découvrir les nombreux stands du village associatif : Greenpeace, les Artisans du monde représentés par l'antenne locale du Val d'Orge (réseau de commerce équitable), la CRIIRAD (Commission de Recherche et d'Information Indépendantes sur la Radioactivité), la MJC (Maison des Jeunes et de la Culture), Nature et Progrès (fédération de consommateurs de produits issus de l'agrobiologie et de la bioécologie), Biocoop (réseau de magasins bio) et même une exposition photographique retraçant la construction et l'installation d'une école maternelle dans le village de Juffureh en Gambie (projet mené en 2004 par Jacqueline Levasseur).
Parallèlement, on notera le déroulement de conférences (avec des thèmes abordés comme "L'agriculture biologique, les OGM, état des lieux..." ou "Faut-il croire au développement durable ?"), et de nombreuses animations (ex : représentation de percussions par l'association Djembefolas batteurs de peaux, un espace graffiti assuré par DOSK et BERS du AW et DW crew, etc.).
Autant dire que les curieux ont eu donc de quoi se satisfaire avant et pendant les concerts.
Après un rafraîchissement mérité et surtout indispensable pour lutter contre une chaleur écrasante, nous nous dirigeons vers l'espace soundsystem, situé à proximité du skate parc indoor.
C'est le Calaloo Sound System, originaire de la banlieue parisienne (91 et 77) et composé de Nattyral Tiben, Kung Fu, Mighty Lion, Dr Tounzie et Admiral Lee, qui est aux commandes. Il n'y a pas encore foule mais cela ne nous empêche pas d'apprécier le son et la performance du MC qui assume pleinement son rôle d'ambianceur.
La sélection proposée à notre arrivée se veut plutôt Nuroots avec par exemple le Jah Love riddim (Chezidek "Inna Di Road", Richie Spice "Open The Doors", Burro Banton "Rise And Shine"), le Lion Paw riddim (Morgan Heritage "Hail Rastafari", Luciano "Equal Rights"), le World Jam riddim (Damian Marley "Welcome To Jamrock", Chaka Demus)... et de nombreuses galettes comme la version de Blacko et Krys sur le Purple Ting riddim ("Etre Un Homme"), une dubplate de Fantan Mojah et d'Al Borosie, et de nombreux artistes parmi lesquels nous avons reconnu Warrior King, Junior Kelly, Turbulence, etc.

Il est presque 17h, et il est temps pour nous de rejoindre la petite scène où le groupe Alma se produit. Cette formation remplace The Aquatics, initialement programmée. Alma nous délivre alors quelques morceaux de l'album live "Get In The Van" sorti la veille. Côté anecdotique, il semblerait d'ailleurs que le van en question, acheté pour l'enregistrement de cette tournée, ai tiré sa révérence deux jours avant le dernier concert suite à un malheureux accident... Parenthèse faite, l'ouverture du festival par Alma fût une très bonne entrée en matière, et, même si le public semblait quelque peu passif car assit dans l'herbe à lézarder, il ne fait aucun doute qu'il n'est pas resté insensible à la bonne humeur et aux sonorités Reggae Dub Salsa partagées.
Dès le set terminé, il nous faut aussitôt nous diriger vers la grande scène pour assister à la prestation du groupe Diem Delam venu nous présenter leur nouvel album "Ni D'Ici Ni D'Ailleurs" sorti le 14 avril dernier. Diem Delam présente la particularité d'être un groupe Hip-hop composé de musiciens, développant un style plutôt "old school" et se démarquant parfois par un discours à contre courant de ce qui se fait aujourd'hui en la matière. Le titre "Fat Mama" en est le parfait exemple puisqu'il valorise les courbes et formes généreuses de la gente féminine. On ressent chez cette formation l'imprégnation d'une culture Hip-hop très forte, dévoilée notamment au travers du morceau "Hip-hop" et du medley où l'on retrouva quelques grands tubes (Busta Rhymes, De La Soul, le sample "assassin de la police", etc.). Formation à part au sein d'une programmation essentiellement axée sur un style Reggae/World music, Diem Delam nous a agréablement surpris par sa performance scénique, son mariage habile de différentes influences musicales (Rap, Jazz, Funk, Soul...), et son jeu d'écriture travaillé... Bref, un groupe que nous avons apprécié et dont nous ne serions pas étonnés s'il était amené à faire parler de lui à l'avenir.

Nous retournons par la suite à l'espace Soundsystem, pour une séance révision des grands classiques du Reggae avec Toots and the Maytals, Beres Hammond, Tony Rebel, Buju Banton, le fameux Real Rock riddim (Bounty Killer, Johnny Osbourne, Willy Williams, Junior Murvin), Tonton David ("Peuple Du Monde"), Jimmy Cliff ("You Can Get It If You Really Want"), etc. Les titres s'enchaînent pour notre plus grand plaisir et nous font même oublier les concerts à venir !
C'est donc avec beaucoup de retard que nous rejoignons la petite scène. Le groupe Some Like It Dub s'apprête déjà à finir son live et nous offre là ses dernières chansons comme "Faya Is Burning". Nous éprouvons un certain regret de ne pas être arrivé à l'heure, et la qualité du Roots joué, accompagné par une voix particulièrement mélodieuse du chanteur ne feront que confirmer notre amertume. Le live touche à sa fin, et nous nous disons que la date du 14 juin au festival des Zicalizes sera sans doute l'occasion pour nous de nous rattraper...
Il est désormais temps pour nous d'assister au show de Mo'Kalamity & the Wizards et c'est toujours avec beaucoup de plaisir que nous retrouvons ce groupe promu par JAHSound.net. Comme à l'accoutumé, Mo'Kalamity & the Wizards débutent leur set par une petite introduction façon James Bond avant d'entamer un répertoire dont la majorité des morceaux est extraite de l'album "Warriors of Light". Alors que le soleil commence doucement à se faire oublier, les massives font désormais preuve de plus de panache notamment sur le passage toasté du morceau "Petit Bonhomme" où on ressent effectivement nettement plus d'euphorie qu'au début du festival. C'est donc un set bien calé, à l'image d'un groupe multipliant les scènes, que nous dévoilent ce soir Mo'Kalamity & the Wizards. Les titres tels que "Princess", "Darling", "We've Got The Power", "Reggae Vibration", "Keep On Fighting", "Faith", "Swril"... se succèdent, mettant en exergue la voix si suave de Mo'Kalamity. Comme nous avions pu le souligner au cours de reports précédents, nous avons été sensibles à l'explication systématique donnée par Mo' sur la signification des différents morceaux joués... petit détail qui participe à nos yeux à davantage de complicité avec le public, et plus largement à la bonne ambiance générale constatée.

Les groupes Kaophonic Tribu et Domb n'ont pas encore joué mais, n'étant pas de nature très patiente, nous ne pouvons nous empêcher de regagner l'espace soundsystem. Il est environ 23h, et nous poursuivons alors notre marathon musical avant d'entamer la dernière ligne droite de cette journée riche en vibrations ! La piste de danse qui avait été quelque peu boudée depuis le début d'après-midi est maintenant presque remplie. Le Calaloo Sound System est toujours aux commandes des platines et offre des titres à la pelle avec, entre autres, du Marcia Griffiths, Beres Hammond, Jah Mali, Capleton... le célèbre Truth And Rights riddim (Johnny Osbourne & Burro Banton "The TruthÔÇØ, Sizzla "Give Jah ThanxÔÇØ) et le puissant "OupatébizwentousaÔÇØ de Tiwony sur le Black Marianne Riddim.
Si nous nous sommes laissés surprendre par le timing dans l'après-midi, il est clair que nous ne reproduirons pas deux fois la même erreur ! Nous ne nous éternisons donc pas au soundsystem et repartons donc vers la grande scène pour assister au prochain live.
A peine arrivés, que nous sommes surpris par l'absence de musiciens et de matériel sur la scène. Le constat est sans appel, Baby G ne sera pas accompagné d'un band, il faudra se "contenter" d'un selecta. Cette petite pointe de déception sera très vite résorbée dès l'entrée en scène de Baby G. Immédiatement, nous sommes plongés dans le bain puisque l'artiste originaire de Martinique commence par du très lourd avec "Libre", morceau posé sur le Purple ting riddim et produit par Back to Zion records. Baby G est particulièrement en forme ce soir, il multiplie les riddims (Junkanoo riddim, Hard Times riddim, Black Marianne riddim avec son titre "Nucléaire") et posera même sur la musique du titre "Doo Wop" de Lauren Hill (il chantera d'ailleurs le refrain "Girls you know you betta watch out, some guys only about, that thing, that thingÔǪ"). Si de nombreuses chansons nous étaient inconnues, l'énergie et la sympathie dont il a fait preuve tout au long de sa prestation nous ont vraiment conquises, et mises dans de bonnes conditions pour accueillir le dernier artiste de la soirée.

Accompagné aux platines par son complice Dalton, Yaniss Odua se présente sur scène pour clôturer cette première journée du Festival Ecolo'zik. Autant dire qu'il nous a réservé de bonnes surprises puisqu'il débute par le morceau "Praise" sur le Forever Loving Jah riddim. Puis, c'est une playlist composée essentiellement de gros classiques qui va être nous proposée : les amateurs ne pouvaient espérer mieux (si ce n'est qu'il soit backé par un groupe...)! On retrouve en effet le terrible "Qui Est-Ce Qui" sur le Savage riddim, "Une Larme", "Se Poko Sa", une version de "Mal Au Ceuur" sur le Doctor's Darling riddim, "Ganja Tune", "Long Time", "Cool Higher", l'inconditionnel "La Caraïbe", etc.
Il est près de 3 heures du matin, et alors que tout le monde semble passer un bon moment, surprise, la musique s'arrête. Une des organisatrices arrive sur scène pour annoncer la fin des festivités en raison de l'agression d'un des bénévoles. Incompréhension générale, d'autant plus que rien ne laissait transparaître le moindre soupçon d'insécurité, bien au contraire l'esprit observé pendant ce festival se voulait plutôt bon enfant... C'est en tout cas sur ce sentiment de frustration que s'achèvera cette soirée ; et dire que nous n'avons même pas eu le temps de saluer comme il se doit la prestation de Yaniss Odua...
Si ce dernier point nous a clairement déçu, il serait maladroit de notre part de s'y limiter parce qu'il n'est vraiment pas révélateur de la satisfaction éprouvée. Soleil, jolie programmation, qualité de l'organisation, sympathie des bénévoles, site propre et agréable... Le tout pour une cause juste et tellement d'actualité (l'écologie) : voilà ce qui restera dans nos mémoires !

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