Festival Roots dans la Vallée @ Salle de la Buissonière (77)
Vendredi 09-11-2007
Salle de la Buissonière, Vaux le Pénil (77)
Pour cette 9ème édition, l'équipe "Couleurs et music's" a décidé de frapper fort en assurant une programation alléchante. Après Anthony B en 2006, c'est au tour des légendaires Abyssinnians et de Black Uhuru d'envahir la ville de Vaux le Pénil. Une soirée principalement axée sur du pur son Roots Reggae, avec ces têtes d'affiche plutôt attractives pour tout amateur de musiques jamaïcaines.
Pour la seconde année consécutive, le festival se tenait donc dans la salle de la Buissonnière, et après le succès rencontré l'année précédente, on ne pouvait que s'enthousiasmer à l'idée de revenir sur une manifestation devenue en quelques années un rendez-vous immanquable.
Il est 20 heures et à première vue, les massives ont répondu présent à cette invitation. Il faudra cependant s'armer de patience et affronter un froid polaire avant l'ouverture des portes. Après une demi heure d'attente, nous pénétrons enfin dans le gymnase. Il ne nous faudra pas beaucoup de temps pour retrouver nos marques : bar, stands, exposition photographique, etc. Ceci étant, nous nous apercevons que certaines modifications ont été apportées par rapport à l'année dernière. On regrettera par exemple l'absence d'une deuxième scène, ou encore de la décoration, qui avait pourtant apporté une touche singulière et originale au cours de l'édition antérieure.
Parallèlement, on peut souligner l'initiative visant à interdire de fumer dans la salle. Une zone fumeur a été installée à l'extérieur avec même un petit bar pour les assoiffés. Si la majorité des spectateurs se sont comportés en bon citoyen, en respectant cette consigne (qui de surcroît est une loi), d'autres, les irréductibles, préféreront braver l'interdiction, quitte à se faire rappeler à l'ordre par les agents de sécurité...
C'est avec le groupe Tu Shung Peng (ndlr: pipe à eau en patois jamaïcain), formation originaire de l'Essonne, que débutent les festivités. Le backing band entame son set par une petite introduction Dub très réussie, après quoi, arrive sur scène le chanteur Ras Daniel Ray. Le collectif francilien est venu mettre l'ambiance et compte bien le faire savoir, en nous faisant quelques petits passages en toastant par exemple. Beaucoup d'énergie se dégage de leur prestation. La salle se remplit peu à peu et les spectateurs présents apprécieront tour à tour certains titres issus de leur album tel que "Can You Be My Princess" ou encore des reprises avec par exemple les fameux Satta Massagana et Black Cinderella riddims. On peut affirmer que le choix de programmer Tu Shung Peng a été judicieux puisque c'est une bonne entrée en la matière.
Après un petit entracte, animé par un selecta qui disparait après chaque lancement de tune (surprenant !), et dans lequel les connaisseurs reconnaitront quelques grands classiques comme "Chase The Devil" de Max Romeo ou encore "Good Life" d'Anthony B, c'est au tour du groupe américain The Aggrolites d'entrer en scène.
Issu de Los Angeles, ce collectif propose un style musical appelé Dirty Reggae, sorte de fusion de Ska, Rocksteady, Soul... qui nous rappelle par moment les productions Studio One des années 60. Emmené par le chanteur Jesse Wagner, les Californiens ont proposé un répertoire musicalement intéressant dans lequel on a pu notamment retrouver quelques clins d'oeil comme une reprise du "Stir It Up" de Marley ou encore l'intrusion dans un titre du couplet de la célèbre chanson de Toots & the Maytals : "54-56, That's My Number". "Give it to me !".
Un public qui se laisse entraîner par un son Ska, les connaisseurs auront reconnu des titres comme "Don't Let Me Down" ou encore "Someday". Un show plutôt réussi même si certains ne semblaient pas spécialement adhérer au style.
Deuxième et dernière pause, avec toujours des incontournables ("Bob Marley - Stop That Train", "Sylford Walker - Burn Babylon" ou encore "Ken Boothe - The Train Is Coming"). Davantage présent que lors de sa première apparition, et bien que sollicitant le public (notamment pour la programmation de l'année prochaine), le selecta peine à "meubler" une pause qui commence à sérieusement s'éterniser. Problème technique annoncé, on commence au fil des minutes à douter et à se demander même si les balances ont été réalisées.
Après plus d'une heure d'attente, le public pourra enfin voir arriver sur scène le backing band. Ce dernier annonce aussitôt la couleur en commençant par du très lourd : le Revolution riddim.
The Abyssinians, composé de Bernard Collins, Donald Manning et David Morrisson fait alors son apparition et enchaîne une playlist sans grande surprise dans laquelle tous les plus gros tubes y passent : de "Know Jah Today", en passant par "Ethiopia" (où les chanteurs s'agenouilleront symboliquement), "Black Man's Train", "African Race", "This Land Is For Everyone" ou encore les incontournables "Declaration Of Rights" et "Satta Massagana"... les aficionados seront servis.
Malgré une salle au trois quarts pleine, le show sera assuré (avec même des petits pas de danse improvisés !) mais l'ambiance générale que nous pouvons ressentir est vraiment en demi teinte. Relativisons ces mots car beaucoup on apprécié le fait de pouvoir entendre les légendaires Abyssinnians, il manquait peu de chose pour que la salle s'enflamme. Ceci dit, le public le doit à lui même.
Sans transition, Black Uhuru, guidé par le célèbre Michael Rose, assure la suite. On attend beaucoup de ce groupe qui se doit de clôturer le festival en beauté.
Visiblement une partie du public attendait le Roots des Black Uhuru. Le backing band qui accompagne le groupe nous procure une vibe d'un Roots authentique, avec une ligne de basse bien lourde. Les titres "King Selassie", "Happiness", "World Is Africa", "Sinsemillia", "Guess Who's Coming To Dinner" se succèdent et nous rappellent, pour notre plus grand plaisir, les albums "Live 1984" et "Dubbin'it Live" (2001). La qualité de la prestation est à nos yeux indiscutable mais le public malheureusement ne s'enflamme toujours pas. Sommes nous trop exigeants ?
On ressentira pourtant un net sursaut vers la fin du set pendant un passage Drum 'n' Bass très sympathique. Ceci étant, 50 minutes c'est frustrant... l'heure de retard ne pardonne pas et se fait ressentir.
La soirée s'achève alors, aucun rappel et des videurs pressés d'en finir nous prient de sortir rapidement. Cette 9ème édition du festival Roots dans la Vallée fut loin d'être un échec mais il lui manqua quelques ingrédients pour en faire une réussite totale. On se donne rendez-vous en 2008 pour les 10 ans du festival qui s'annonce explosif. Encore bravo aux organisateurs et bénévoles qui ont assuré avec sourire le bon déroulement de la soirée.