Jah Mason + Lutan Fyah @ Le Plan (91)

Mardi 11-03-2008
Le Plan - Ris-Orangis (91)

Deux semaines après l'excellent concert de Max Romeo, le Plan recevait deux artistes de la nouvelle génération Reggae : Lutan Fyah et Jah Mason, tous deux accompagnés du Dubtonic Crew. Dans ce band, les personnes présentes lors du concert de Max Romeo auront reconnus le guitariste, le batteur et le bassiste qui accompagnaient ce dernier lors de sa tournée. C'est à 20h que les portes s'ouvrent au peu de personnes présentes devant la salle. La particularité de cette soirée est qu'elle s'est déroulée devant une foule éparse (à peu près 250 personnes dans la salle) qui lui a conféré une intimité et une proximité avec les deux artistes sur laquelle ils s'appuieront pour mieux tirer profit de l'énergie débordante du public, conquis par leur fougue. Rappelons que cette tournée est également l'occasion pour Jah Mason de promouvoir son futur album, "No Matter The Time", qui sortira chez Nocturne le 24 mars prochain.

Il est 21h quand le band s'installe et entonne les premières notes. Les problèmes de sons du début sont vite réglés. Lutan Fyah commence déjà à chanter, toujours en backstage. Le peu de personnes présentes s'amassent dans la fosse et attendent son arrivée sur scène. ├ënergique, il provoque une vive réponse du public. Tête enturbannée, comme tous les bobos dread, il va, pendant toute la durée de son set, chanter les louanges à Jah. A ce titre, il débarque sur "Never Stop Hail Rastafari" (Street Swing riddim). Discours très religieux donc, avec des titres tels que "Mightier Than Them" (Jamdown riddim), son hit surpuissant "Rasta Still Deh Bout".
Fortement engagé, conscient, on l'entend à plusieurs reprises dénoncer le sexe chez les jeunes, la drogue, les armes dont "Blood Stain" est une illustration symbolique. Un éducateur de la conscience donc ce Lutan Fyah, ce dont il est fier de proclamer avec "When Me Rise It". Révoquant ce monde matérialiste, il se tourne vers l'Afrique, terre de spiritualité, en employant une métaphore répandue dans le Reggae (comme "Mama Africa" de Peter Tosh) personnalisant l'Afrique en une mère protectrice, sur un rythme plus lent. Après une bonne demi-heure de tunes conscious, il entame un passage beaucoup plus love comme, "I Am In Pain", "My Rich Little Ghetto Girl" en se penchant vers le premier rang du public, où son intérêt s'est porté sur une ravissante jeune femme. Les connaisseurs auront reconnus également "Slowly But Surely", du plus bel effet. Mais, il ne se repose pas sur ses lauriers, il fait repartir la foule avec du Dancehall, excitant un public avide de ce style.
Son set était bien plus solide que celui, décevant, du Reggae Sundance à Eindhoven en août dernier. Il faut avouer que le backing band est également meilleur et plus en adéquation avec l'artiste que celui qu'il y avait lors du festival hollandais. Son retour sur scène est marqué par les nouveautés, fortement bien accueillies, comme "Save The Juvenile" (Foundation riddim). Lutan Fyah est dans son élément et l'on voit en backstage les organisateurs demandant au groupe de s'arrêter. Heureux de trouver écho dans un public réellement conquis, il quittera la scène avec son hit "Is This The Way".

Un petit entracte afin de permettre au backing band de souffler un peu, et les premières notes de "Life So Joyful" retentissent. On entend déjà la voix particulière du singjay, Jah Mason. Il déboule sur scène, tout de blanc vêtu, alors que "Life So Joyful" est mixé (comme à son habitude) et cette voix si particulière, caverneuse mais délicate, puissante mais laissant présager une certaine sensibilité. Et comme à chacune des ses sorties, Jah Mason déchaîne les passions sur ce titre. Alors qu'elle se termine doucement, on entend déjà le clavier augurer du hit "Wheat And Tears" sur le Street Swing riddim. Une réussite totale pour son deuxième titre. Alors que les premières notes de "High Grade" retentissent, Jah Mason fait un petit speech dénonçant l'interdiction de fumer dans la salle. Certains sont d'accord, mais ne nions pas que les concerts sans fumée, c'est infiniment agréable. Le flow du singjay est puissant et précis. Puis vient le tour de "Farmer Man", ode aux planteurs et aux agriculteurs qui se substituent à Babylone. Après tous ces titres, on pourrait croire à un ralentissement dans le rythme du concert, que nenni. C'est le Revolution riddim qui retentit et "Living Without Jah", la réponse du public est instantanée. Cette première demi-heure se déroule sur un rythme effréné, excellemment bien backé par le Dubtonic band.
Tout comme pour Lutan Fyah, son set est musicalement supérieur à celui du Sundance. "Keep Your Joy", "Burn Dem For A Purpose", "See Them Running" ou encore "Run Come Love Me", mais cette fois sans Jah Cure, sont repris avec brio. C'est alors que son hit "Princess Gone" résonne, et Jah Mason quitte la scène. Son rappel se fait bruyamment. Il va par la suite faire une grosse partie de son concert avec des morceaux plus love, tels que "Don't Think I'm Gonna Cry", "Loving You For So Many" ou encore "Burning Love". Le rythme s'est ralentit, mais il n'allait pas quitter la scène comme ceci. Il se tourne vers le bassiste et lui demande de faire vibrer la salle, le Wipe Out riddim se fait entendre, le rythme s'accélère pour une version démoniaque. La dernière partie du concert sera une grosse succession en medley ("Never Give Up" notamment), pour finir avec "Hill Vibes" (où il introduira son band), lui aussi mixé avec d'autres titres de son répertoire et une version surprenante de "Fire, Fire", classique jamaïcain.

Il est 23h30, nous quittons la salle en sueur, non pas à cause de la chaleur, mais de la puissance qu'ont dégagé ces deux artistes. Lutan Fyah confirme et Jah Mason a comme à son habitude mis le feu. Nous pouvons peut être regretter le fait qu'ils n'aient pas fait un titre commun, ce qui aurait finalement clôturé une soirée de la plus belle des manières.
Malgré le fait que le public ait été faiblement présent ce mardi soir, le Plan nous a encore une fois programmé un concert qui a enflammé cette salle qui confirme son amour pour le Reggae. Nous prenons date du concert d'Isra├½l Vibration le 20 avril, pour un concert qui, à n'en pas douter, sera une réussite.

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