Johnny Clarke + Michael Prophet @ Gymnase Chantal Mauduit (78)
Samedi 13-05-2006
Gymnase Chantal Mauduit - Magny-les-Hameaux (78)
Après la réussite de cette date des Zicalizes en 2005, qui cloture la série de concerts, l‘association "Zones d‘arts", organisatrice de l‘événement, était attendue au tournant cette année. Soutenue par la mairie de Magny-les-Hameaux, moins par la gendarmerie, l‘association a une nouvelle fois montré son pouvoir d‘organisation grâce à ses nombreux bénévoles.
Arrivé à 19h, afin de satisfaire ma conscience de reporter, le concert ne commencera qu‘à 20h30. Cependant, l‘attente, dans l‘herbe à l‘extérieur du gymnase, ne fut pas si désagréable que ça...
Station Roots, le groupe yvelinois, originaire de Rambouillet, fut le premier en scène face à une salle clairsemée, étant donné que la plupart des gens profitaient des derniers rayons du soleil à l‘entrée du gymnase. Festif à souhait, leur Reggae a eu le mérite de faire monter l‘ambiance d‘un cran. Des cuivres aux voix, les locaux de l‘étape nous ont proposés une belle prestation, rappelant le dynamisme et la fraîcheur d‘un groupe tel que K2R Riddim à ses débuts. Notons par ailleurs que la qualité du son, comme l‘année passée, ne fut pas l‘un des points forts de la soirée, un gymnase étant évidemment peu propice à une acoustique parfaite.
Ainsi, après une heure de scène puis une bonne demi-heure de pause, Les Frères de la Rue faisaient leur apparition. Ces jeunes Africains originaires de la Côte d‘Ivoire, accompagnés par leurs musiciens et deux choristes, nous ont proposé un Reggae africain très original, mêlant des sonorités purement Reggae à des musiques plus traditionnelles. Si certains morceaux semblent avoir un peu marqué le public ("Avant Tout, Il y a la Vie"), l‘adhésion ne fut cependant pas totale tout au long du show qui dura une bonne heure et demie; preuve en est, beaucoup de massives étaient encore à l‘extérieur pendant ce temps, attendant avec impatience les deux têtes d‘affiche de la soirée.
Ce n‘est que peu après 23h30 que la soirée commençait pour beaucoup. L‘arrivée de Dub Asante, backing-band des jamaïcains, vidait enfin l‘extérieur du gymnase. Respectant le système des vases communiquants, la salle se remplit alors, prouvant d‘ailleurs que le public était venu moins en masse que l‘année précédente, la concurrence des Congos au Cabaret Sauvage y étant sûrement pour quelque chose.
Après deux morceaux d‘échauffement, les Anglais de Dub Asante et leur style très UK, accueillaient Michael Prophet. Vêtu de noir et débarquant avec un énorme chapeau, le fantasque jamaïcain ouvre son show avec un excellent "We Got To Fight". Les titres s‘enchaînent et les styles diffèrent, Michael Prophet prône les valeurs de Rastafari : spiritualité, paix, justice, tolérance.
L‘homme prouve qu‘il n‘a rien a envier à personne au point de vue scénique. Son style intemporel s‘impose par lui-même, sa voix unique passe facilement des graves aux aigus, son show alterne les titres plutôt Roots comme "Hold On To What You Got", "Gunman" ou encore le très connu "Love and Unity" avec d‘autres plus rythmés comme "One a Dem", très plébiscité dans la salle. On lui sera reconnaissant pour son talent communicatif et son humour - beaucoup se rappelleront notamment d‘une danse irlandaise subitement entreprise par Mr Prophet... Néophytes ou connaisseurs du Prophet, les massives semblent avoir apprécié le show à sa juste valeur.
Après une bonne heure de scène, il cède sa place à Johnny Clarke. Il est déjà bien tard quand l‘immense Johnny prend le micro mais la fatigue est vite remplacée par l‘excitation d‘entendre ce monument de la musique jamaïcaine. Avec "King in the Arena" d‘entrée, la chaleur de la salle monte d‘un cran et les massives semblent toujours autant rebondir malgré les quatre heures de show déjà écoulées. Les big tunes de l‘artiste se suivent et l‘homme reprend même "Crazy Baldheads", avant de nous emmener vers ses racines avec "African Roots". "Left with a Broken Heart", "None Shall Escape", "Blood Dunza"; le show est jonché de tracks incontournables, toujours backés par l‘excellent Dub Asante Band. Avec des passages en voix de tête assez impressionnants, Johnny Clarke prouve que sa voix légendaire n‘a rien perdu. Seul regret, la réactivité mitigée du public: moins nombreux que l‘an dernier et sûrement un peu cassés par la longueur totale du show, les massives auraient, peut-être, pu offrir un accueil plus adéquat à un artiste d‘un tel renom.
Le concert s‘achèvera vers 2h du matin, et même si on regrettera la présence des gendarmes à la sortie, la soirée des Zicalizes organisée à Magny aura une nouvelle fois été un succès. Nouveau big up à Zones d‘arts et à tous ses bénévoles pour l‘organisation d‘un tel événement qui nous aura offert une belle diversité d‘artistes Reggae de tous horizons, avec comme cerise sur le gâteau, les "good vibrations from Jamaica" amenées par Michael Prophet et Johnny Clarke.